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qu’elle n’eût pas encore achevé de dépecer sa proie.

Se rappelant tout cela, elle comprit, avec une pitié accrue, la frayeur qui devait être celle de la petite Zélie, et même elle frissonna en songeant à ce qu’il adviendrait de l’enfant lorsqu’on s’apercevrait de l’évasion de la prisonnière. Zélie n’était-elle pas sa gardienne, et ne serait-elle pas rendue responsable de ce départ ? Hermine ne pouvait tout de même tarder davantage, sous peine de succomber elle-même. Il arriverait ce qu’il arriverait ! Si la petite Zélie, plus tard, se souvenait de ce temps de sa vie, elle reconnaîtrait qu’Hermine ne pouvait agir autrement qu’elle n’avait fait, et elle garderait d’elle une image de bonté et de malheur.

Hermine regarda Zélie, placée en face d’elle, à l’autre bout de la table. Mais la petite fille ne la regarda pas, le front penché vers son assiette. Elle avait les yeux rouges, la gorge encore gonflée de sanglots. Elle