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marchandes de pommes et de sucres d’orge.

Hermine se rappela que ces sucres d’orge étaient ses délices lorsqu’elle était une toute petite fille, et qu’elle venait là, donnant la main à sa mère. Elle était seule, maintenant, et par la faute des autres. N’avait-elle pas essayé de faire sienne cette enfant ennemie qui était là avec elle ? Toute la vie d’Hermine aurait pu être changée par la rencontre d’une affection, d’un sentiment profond, d’un être doux et confiant. Si cette petite Zélie avait voulu, elle l’aurait traitée comme sa fille, elle l’aurait amenée là, en lui donnant la main. Elle la regarda, d’un regard si singulier et pénétrant, que la petite fille baissa les yeux.

« Après tout, — pensa Hermine, — elle n’est pas responsable des méchancetés qu’on lui fait faire, ni même des mauvais instincts qui sont en elle. Elle m’a porté mon livre, et m’a laissé m’appuyer sur son épaule, quand j’ai cru défaillir… Toute