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où il était agenouillé. Celui-ci regarde plus près de lui, par-dessus la barrière qui le sépare d’un herbage. Il n’a pas de parents plus choyés, mieux chéris dans son cœur, que ces animaux qui paissent parmi l’herbe et la luzerne. Il croise ses regards inquiets avec les regards placides des vaches qui ont, en même temps que lui, tourné la tête. La Blanche et la Rousse paraissent satisfaites, mais la Noire est triste et bave, la bouche ouverte. Elle n’a pas mangé encore, et ne paraît pas s’apercevoir que son veau la bourre de coups de tête pour s’abreuver de son lait maternel. Si celle-là tombait malade ! si on la trouvait enflée et morte demain matin dans l’étable ! Et si son veau gagnait sa maladie et s’en allait avec elle ! Quel désastre ! Et comment payer le prochain fermage ?

Il n’est pas besoin de parler quand les pensées sont si tenaces et si vives, s’acharnent de telle façon sous les crânes chauffés