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lorsque les champs sont animés, que la terre se montre habitée.

Les hommes, les femmes sont à la tâche, courbés sur le sol, fouillant la terre de leurs outils qui deviennent des mains et des griffes de fer. Le travail s’accomplit avec une rage méthodique. On n’entend pas de paroles, — rien que le han ! des poitrines, le rauque sifflement des respirations.

Par moments, un homme se dresse, remet debout avec effort son corps cassé en deux. Appuyé sur son hoyau, comme un soldat sur son arme, il lève un visage congestionné et hâlé, où luisent deux yeux farouches. Il contemple tout ce qui l’entoure, cherche ses ennemis et ses amis. Cette terre noire va-t-elle lui rendre en pousses vertes, en tiges robustes, tous les soins qu’il lui donne en s’ankylosant les membres, en se crevant de fatigue ? Les plantes parasites vont-elles tout dévorer ? Les fleurs inutiles du bluet, du co-