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coudé, ses bras entourant son assiette, avalait voracement sa nourriture, buvait goulûment son vin blanc, sans lever les yeux sur sa femme. Le repas fini, il fermait son couteau, le mettait dans sa poche, se levait et s’en allait, s’en retournait à son labeur de bête farouche, et tout le monde s’en allait aussi, sauf la servante qui desservait la table, et Hermine qui l’aidait de sa douceur habituelle.

Ces soins terminés, Hermine remontait à la chambre de sa mère, devenue la sienne, s’asseyait dans l’embrasure de la fenêtre, comme autrefois, lorsqu’elle était enfant et jeune fille. Mais il n’y avait plus personne en face d’elle. Il y avait un fauteuil vide.

Elle avait encore, tout près d’elle, bien d’autres témoins familiers de son existence, dans cette grande pièce rustique et bourgeoise, où avaient vécu, où étaient morts son père et sa mère, et son grand-père et sa