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grand’mère. Si celle-ci avait été une charmante bonne femme, comme il y en a, dit-on, Hermine aurait pu reprendre courage auprès d’elle. Elle avait espéré voir, dans l’ombre de la chaumière, un doux visage fané, avec des yeux purs et tristes, et entendre une voix tranquille et résignée, qui l’aurait encouragée à supporter le sort. Quelle précieuse confidente cette vieille femme aurait pu être pour elle ! Chez les simples, chez les ignorants de la science du monde, il peut y avoir de grands cœurs savants de la vie. Puisque nul être ne peut échapper à la loi de la souffrance, au moins ceux qui ont fait leur temps et payé leur tribut peuvent-ils consoler ceux qui commencent seulement à apprendre le poids des peines et la cruauté des déceptions.

La jeune femme, qui était partie instinctivement vers la grand’mère de Jean, avec le désir anxieux de voir briller, dans la nuit du passé, quelques traces de la vie du dis-