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L’ORTHOGRAPHE DE NOS PERES
ET CELLE DE NOS ENFANTS


Parmi les questions actuellement à l’ordre du jour, il en est une qui a le rare privilège d’intéresser presque tout le monde, et de susciter par conséquent des polémiques très vives, c’est la question de l’orthographe. En matière d’orthographe comme en fait de politique, il y a des partis : des conservateurs à outrance, des radicaux pleins d’audace, des modérés qui constituent la foule. Les premiers sont heureux de penser que l’art d’écrire correctement n’est pas accessible au vulgaire ; pour rien au monde ils n’abandonneraient la supériorité qu’ils croient avoir parce que jamais ils ne font une faute d’orthographe. Plaignez-vous à eux des difficultés sans nombre qui vous arrêtent quand vous voulez écrire tel ou tel mot, ils n’écoutent pas ; ils jugent même que l’Académie française, quand elle a publié en 1878 une nouvelle édition de son Dictionnaire, et permis ou pour mieux dire prescrit d’écrire : diphtongue, rythme, phtisie, révision, au lieu de diphthongue, rhythme, phthisie, révision, etc., est entrée d’une manière bien inconsidérée dans la voie des concessions et des capitulations.

En face de ces partisans de l’ancien régime se dressent parfois des révolutionnaires qui voudraient renverser de fond en comble un édifice vermoulu, c’est