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lui donner encore de la vie elle ferait mieux que jamais[1] ! »

Angélique ne tarda pas à perdre cette illusion, car, à la fin de cette même année 1648, elle écrivait à la princesse revenue à la vie et plus mondaine que jamais, une lettre très cérémonieuse et visiblement gênée pour lui demander au nom d’une personne tierce « de la tant obliger que de lui prêter une chambre ou deux dans son logis de Port-Royal. » De 1648 à 1661, il n’est plus question de la princesse dans la correspondance de la Mère Angélique ; il n’y a pas une seule lettre à elle dans les deux gros volumes de lettres de la Mère Agnès, morte en 1671 ni dans les huit cent lettres manuscrites préparées pour l’impression par Mlle Rachel Gillet, éditeur des lettres de la Mère Agnès. Dans les papiers de Port-Royal, il se trouve seulement trois lettres de Mme de Guéméné, deux en 1671 et une en 1679. Les deux premières sont relatives à la mort de la Mère Agnès : ce sont de simples billets de condoléances, d’une grande banalité, adressés à Robert d’Andilly, qui n’était plus alors un chevalier servant, et à la Mère Angélique de Saint-Jean, sa fille. En 1679 enfin, répondant à une lettre de condoléances que lui avait écrite cette dernière, alors abbesse de Port-Royal, la mère du supplicié de 1674 reconnaissait que les châtiments que l’on reçoit de la justice de Dieu sont utiles pour le salut. « Je suis persuadée, ajoutait-elle, que mes péchés en méritent encore davantage que ceux que j’ai reçus, bien que j’aie eu des sujets d’affliction fort extraordinaires des personnes qui m’étaient les plus proches, et de grandes pertes de biens depuis cinq ou six ans…. J’ai tant de

  1. Lettres, I, 365.