alors même que les religieuses, séparées de ce salon par un simple plancher, versaient dans leur chapitre des torrents de larmes.
Tout cela existe encore, et ni Cousin ni Sainte-Beuve ne l’ont su ; et il en est de même de la tribune pratiquée entre deux petits escaliers qui permettaient à la marquise d’assister aux offices sans quitter son appartement. Ses prières traversaient tout le chœur des religieuses pour arriver à l’autel ; mais les miasmes des enterrements montaient jusque chez elle.
Au-dessus de l’autel on voit encore, à droite et à gauche, deux ouvertures grillées ; elles répondaient à deux petites chambres donnant sur deux petits escaliers : celui du public qui montait aux parloirs et celui des religieuses qui y venaient de l’intérieur. Avant et après les visites, on pouvait ainsi adorer le Saint Sacrement suspendu au-dessus de l’autel.
Dans le préau reposaient un grand nombre de religieuses, de novices, de petites pensionnaires, et la marquise d’Aumont, et Antoine Singlin, dont les ossements se retrouveraient peut-être sous les gazons des pelouses. Une dalle épaisse recouvrait le corps de ce dernier en 1664 ; après 1668, on l’a utilisée à la cuisine pour faire un évier. Il y avait autour de ces constructions de très vastes jardins dont les produits étaient une source de revenus pour le monastère. De là sortaient en 1653 les citrouilles données à titre d’aumône aux très riches Carmélites du faubourg Saint-Jacques qui les avaient demandées[1].
Les dehors du monastère, en bordure du faubourg et de la rue de la Bourbe, étaient occupés par des construc-
- ↑ Mémoires pour servir à l’Histoire de Port-Royal et à la vie de la Mère Angélique…. tome II, p. 351.