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histoire du mouvement janséniste

siècle seulement, mais de plusieurs siècles…. — Je suis dégoûté un peu de saint Thomas après avoir sucé saint Augustin ; toutefois, pour l’amour de vous, je ferai bien ce que vous demandez quand je serai venu à ses livres et aurai entendu votre intention. » Pinthereau dit en notes : « Remarquez ceci » et en effet c’est très remarquable, car on y voit clairement qu’en 1621 l’abbé de Saint-Cyran préférait saint Thomas à saint Augustin. Voici enfin, pour clore la série des citations, un fragment inédit de la lettre du 24 décembre 1623 : « Sulpice loue Dieu grandement et particulièrement de ce qu’après tant d’anxiétés, doutes, perplexités et débats qu’il a eus avec lui-même durant l’espace de cinq années ou six, il lui semble être parvenu à un repos d’esprit, voyant à ce qui lui semble que ces montagnes de nuées qui faisaient horreur parmi les ténèbres se sont à la parfin pour la plupart évanouies, ne craignant plus toute la foule de Porris. Car il a grande espérance que le même maître qui a la patrie d’en haut dissipera le reste. »

C’est donc spontanément, et non sous la pression de Saint-Cyran, c’est d’accord avec ses confrères de l’Université de Louvain, et non pas secrètement, que Jansénius s’est plongé dans l’étude de saint Augustin, ou comme il disait de Séraphin, de Léoninus, d’Aelius ou de Garmos. Il y travaillait seulement à ses heures perdues, quand il avait fini ses cours et pendant ses vacances. Le reste de son temps, il le consacrait à ses occupations professionnelles, à la préparation de ses leçons, à ses obligations de docteur chargé d’examiner des livres ou de prendre part à des soutenances de thèses. Six mois durant, en 1635, il fut absorbé par ses fonctions de « recteur magnifique » de l’Université de Louvain ; et cette même année le roi d’Espagne, le