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chapitre II

avait sur le cœur le procédé du P. de Condren, qui eut du moins la délicatesse de ne pas vouloir témoigner contre lui, et qui mourut en 1641, avant Richelieu.

L’un des plus grands admirateurs de Bérulle fut saint François de Sales, un janséniste avant la lettre, que nous allons retrouver ainsi que sainte Chantal en parlant de Port-Royal et de la Mère Angélique. Lui non plus n’aimait pas les Jésuites, et il n’était pas aimé d’eux. Ils brûlèrent publiquement sa Vie dévote, ouvrage « d’une conduite trop relâchée[1] », que leur Père Le Moine a refait, en 1661, d’une manière beaucoup plus austère, si l’on en croit l’auteur des Provinciales. Bérulle aurait voulu donner au coadjuteur de Genève la supériorité générale de l’Oratoire, dont ce prélat lui avait suggéré l’idée, et François de Sales aurait voulu, si la chose n’avait pas été absolument impossible, se faire oratorien sous la conduite du Père de Bérulle. Tous deux étaient également vénérés comme des saints par le prisonnier de Vincennes. Il sera encore question de saint François de Sales dans la suite, et aussi de plusieurs personnages qui ont été quelque temps les amis de Saint-Cyran, tels sont l’illustre Monsieur Vincent et Sébastien Zamet, évêque de Langres. Et d’autres encore, notamment Claude Bernard, le pauvre prêtre, et Hubert Charpentier, le supérieur du Mont-Valérien[2].

Au milieu des agitations qui commençaient à troubler l’Église, la grâce efficace par elle-même opérait de véritables miracles dans une vieille abbaye cistercienne des environs de Paris, et elle se préparait ainsi des légions de défenseurs. Port-Royal avait pour

  1. Hermant, I, 117.
  2. Hermant, I, 60.