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histoire du mouvement janséniste

comme un saint, et quand il fut condamné en 1727 par le concile d’Embrun, elles refusèrent de reconnaître l’abbé de Saléon, chargé d’administrer le diocèse durant la captivité de Soanen. On les priva de sacrement, on interdit leur église ; on exila leur supérieure, la Mère Lemore, et son assistante la Mère Rabier. Elles étaient alors au nombre de trente ; rien ne put les ébranler. Quand on leur présenta le Bref de Benoît XIII confirmatif du concile d’Embrun, elles répondirent hardiment que le pape, tout pape qu’il était, ne pouvait pas rendre juste un jugement injuste. Mais on vint à bout de leur résistance après que trois d’entre elles furent mortes privées de sacrements. En 1730, elles n’étaient plus que onze opposantes il n’en restait plus une seule à Castellane en 1731 ; les autres abandonnèrent leur évêque et acceptèrent la Bulle. Il y avait des Visitandines opposantes à Montpellier et à Troyes du temps des évêques Colbert et Bossuet ; il y en avait enfin à Paris même, au couvent de la rue Saint-Jacques qui avait, en 1664, reçu la Mère Agnès Arnauld comme prisonnière ; la Mère Amelot y mourut privée de sacrements en 1758.

Les Carmélites ne furent pas moins éprouvées. Il y eut à Lectoure, en 1728, dix-neuf de ces religieuses qui rejetaient la Bulle et dix seulement qui la recevaient ; les opposantes furent privées de sacrements, même à Pâques en 1731, et leur résistance dura dix ans. — À Saint-Denis, en 1780, on leur interdit de recevoir des novices ; elles furent exilées à Troyes en 1745. Celles de Toulouse furent privées de sacrements en 1728. Mais c’est à Troyes que l’opposition des Carmélites à la Bulle se manifesta le plus clairement. En 1713, sous Louis XIV, elles refusèrent de publier, le mandement d’acceptation de l’évêque Chavigny