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chapitre xvii

autels ; on trouva moyen de faire de cette Bulle une torche incendiaire et un brandon de discorde. Il semblait, comme le dit dans ses mémoires inédits un fils de Daguesseau, qu’on voulût introduire la guerre dans le ciel même. Aux yeux de Clément XII, signataire de cette Bulle, le plus grand mérite de saint Vincent de Paul était son attachement au molinisme, ses accusations contre Saint-Cyran, ses attaques contre le jansénisme, et enfin ses démarches pour demander au gouvernement d’Anne d’Autriche de châtier les réfractaires, de les chasser du royaume comme des pestes publiques, et enfin de recourir contre eux, ce sont les propres expressions du pape, aux châtiments corporels et aux supplices (corporis supplicium). Le Parlement supprima la Bulle malgré la résistance furieuse du cardinal Fleury, un arrêt du Conseil supprima l’arrêt du Parlement, et ce fut un scandale public. Les Lazaristes modérés furent débordés, et ceux qui résistaient encore ayant été châtiés par les procédés que recommandait la Bulle de canonisation de leur fondateur, la Congrégation tout entière fut pacifiée à jamais.

Tous les ordres religieux qui essayèrent de lutter contre la Bulle Unigenitus furent domptés de même dans la première moitié du xviiie siècle, les Chartreux, les Camaldules, les Feuillants, tous enfin. Il ne faut pas compter parmi eux les Franciscains et les Sulpiciens, car à bien peu d’exceptions près ils professaient les doctrines ultramontaines les plus outrées ; ils croyaient comme mot d’Évangile tout ce qu’on leur disait de la part du pape, et ils subissaient sans murmurer le joug des Jésuites ; l’obéissance raisonnable recommandée par saint Paul leur était, inconnue. Les Capucins en particulier étaient au mieux avec les Jésuites qui leur accordaient généreusement le droit à