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une lettre que le Père Tellier se fit adresser par un de ses confrères pour la montrer au roi, et dont il avait lui-même dicté quelques parties.

Dans cette lettre qui est tout à fait digne du Père Tellier, les Oratoriens sont considérés comme les ennemis déclarés des Jésuites ; ils sont représentés comme des séditieux qu’il faut abattre car ils en veulent au roi et au pape. Ce sont en un mot des républicains dangereux, et on trouve sous la plume du fameux confesseur des phrases comme celles-ci : « La religion romaine ne convient pas à l’état républiquain (sic), mais elle semble faite exprès pour soutenir et pour fonder un état monarchique. Son esprit est un esprit d’unité, de soumission et de dépendance. La voie par laquelle elle nous prescrit ses dogmes est une voie d’empire et d’autorité, etc. (sic). L’esprit de l’Oratoire est entièrement opposé à la religion romaine, et surtout au centre de l’unité ; ennemis de l’autorité, voulant tout soumettre à la voie d’examen, etc., demandant sans cesse un concile et un concile pour déposer le pape. Enfin ils sont toujours pour les jugements des hommes assemblés ; tout ce qui a l’air de république les enchante ; tout ce qui vient de l’autorité d’un seul leur déplaît, ils ne peuvent s’y soumettre etc. Dans le temps qu’ils ôtent de la religion le libre arbitre, ils nourrissent les peuples dans un esprit de liberté ; liberté, vérité, voilà leur cri de guerre ; liberté de l’Église gallicane, liberté du joug du pape, liberté du joug des Jésuites ; ils n’osent encore rien dire de plus, etc.… Les Jésuites connaissent parfaitement la politique des

    crit autographe, après avoir reçu de lui l’assurance que son Credo était celui de Bossuet et qu’il ne tomberait jamais dans le schisme. Ce document vient d’être réimprimé dans un opuscule de M. de Recalde intitulé : Lettres de l’abbé Margon.