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chapitre ii

au nom de l’orthodoxie ; mais l’Université de Louvain se distingua entre toutes par la vigueur de sa résistance, par la noblesse de ses procédés, et par la façon magistrale dont elle prit la défense du docteur de la grâce. Cette Université était alors célèbre, plus célèbre même que la Sorbonne, déchue de son ancienne splendeur depuis la Ligue. Au dire du jésuite Pallavicini, l’Université de Louvain était alors « la place d’armes, l’arsenal de l’Église contre les hérétiques ». En 1587, après avoir adjuré Lessius et Hamelius de rétracter leurs erreurs, elle les condamna solennellement, et les rédacteurs de cette très remarquable censure prirent, cinquante ans avant Jansénius, la défense de saint Augustin, « suscité par la Providence pour être le général sous les ordres duquel l’armée catholique marcherait à la victoire ». La censure de Louvain, suivie d’une censure de Douai, couvrit les Jésuites de confusion ; ce fut, disaient-ils eux-mêmes dans l’Image de leur premier siècle, « une tempête furieuse qui faillit anéantir leur société ».

Mais les fils d’Ignace ne reculent jamais, et ils ne se découragent jamais ; c’est au lendemain même de la terrible censure de Louvain que fut imprimé à Lisbonne, en 1588, le fameux ouvrage de Molina. Ce furent alors les dominicains espagnols qui protestèrent hautement au nom de l’Église, et l’on sait combien vive a été, durant vingt ans, lors des congrégations de Auxiliis, la lutte de l’augustinisme contre le molinisme. Cette fois encore les Jésuites faillirent être finalement anéantis ; mais les circonstances vinrent à leur secours d’une manière inespérée. En 1605, le pape Clément VIII, leur adversaire déclaré, mourut, comme l’avait prédit Bellarmin, avant d’avoir pu rédiger la bulle dont il avait réuni tous les éléments. En 1607, des considéra-