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chapitre xvi

quelques feuilles manuscrites, puis on eut recours à l’impression ; il parut d’abord 4 pages par semaine et bientôt 8 ; le journal était fondé. Son premier rédacteur en chef fut un simple diacre nommé Boucher (1691-1768), qui eut pour principal collaborateur un prêtre nommé de Troya. Ce dernier fut bientôt incarcéré, et Boucher s’adjoignit un curé tourangeau, Fontaine de la Roche (1688-1771) qui fut, durant trente ans, le véritable « auteur » des Nouvelles ecclésiastiques. Secondé par les frères Desessarts, qui firent sans doute les premiers frais de l’entreprise, Fontaine reçut les conseils du célèbre Duguet et de l’abbé d’Étemare ; Duguet lui traça le plan de son journal et lui indiqua la méthode à suivre. Mais bientôt, entraîné par son indigne nièce, Mme  Mol, Duguet octogénaire écrivit contre les Nouvelles une lettre très sévère, qui eut heureusement pour contrepoids une lettre d’encouragement signée de Soanen, prisonnier à la Chaise-Dieu ; si bien que Fontaine continua jusqu’à sa mort comme il avait commencé. Très réservé quand il s’agissait des affaires politiques, il traitait avec une vigueur extrême les questions relatives à la Bulle Unigenitus, à laquelle il faisait une guerre sans trêve ni merci[1]. Rédigées par un homme de talent, avec une grande exactitude et une sûreté d’informations extraordinaire pour le temps, les Nouvelles ecclésiastiques, dont les collections complètes sont aujourd’hui très rares, ont enrichi l’histoire d’une infinité de noms et de faits qui sans elles seraient complètement inconnus. Il faut les lire avec précaution, car elles sont plus passionnées que les Provinciales, sans comparaison possible ; mais

  1. Les Nouvelles ecclésiastiques ont eu pour sous-titre jusqu’en 1803 Mémoires pour servir à l’histoire de la Bulle Unigenitus.