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histoire du mouvement janséniste

Sorbonne qu’une carcasse. Les docteurs exclus protestèrent contre tout ce qui s’était fait d’illégal ; quatre-vingt-quatre d’entr’eux, et bientôt après il s’en trouva cent, adressèrent au Parlement une requête que l’abbé Pucelle soutint avec sa vigueur ordinaire. On allait aboutir et obtenir un arrêt favorable, mais la Sorbonne « carcassienne » fit agir ses amis ; l’affaire fut évoquée au Conseil du roi le 12 juin 1730, et elle y demeura sans avoir jamais été jugée. La Faculté n’était plus que l’ombre d’elle-même et sa décadence était irrémédiable. Elle était devenue si sage, ou pour mieux dire si insignifiante et si veule que Fleury put lui rendre à la fin de 1737 le droit de se donner librement un syndic ; elle fit un choix qui répondit à la confiance du ministre, et en 1741 elle procéda à une nouvelle et dernière épuration ; elle se débarrassa de tout ce qui pouvait lui rester de docteurs modérés et elle ne conserva que des « acceptants décidés ». La Sorbonne moliniste et ultramontaine vécut ainsi sans gloire durant quelques années ; nous la retrouverons en 1751 lors de l’affaire de l’abbé de Prades, quand on vit un bachelier en théologie, collaborateur de l’Encvelopédie, faire applaudir en pleine Faculté de théologie les plus fortes impiétés de Diderot.

La Sorbonne faisait partie de l’Université comme les Facultés de droit et de médecine et la Faculté des arts, et l’on a vu avec quel enthousiasme, en 1717 et en 1718, les quatre Facultés s’étaient jointes aux quatre évêques appelants ; c’est à rompre cet accord que s’appliqua le cardinal Fleury. Dans la pratique, la Faculté des arts, celle qui englobait tous les collèges, était désignée sous le nom d’Université parce que les principaux dignitaires, et notamment le recteur, étaient toujours choisis parmi ses membres.