Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/300

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
288
histoire du mouvement janséniste

matisait comme scandaleux, les Augustinistes, les Vaillantistes, les Margouillistes, etc.

On a fait un tableau très chargé des turpitudes de certains convulsionnaires, et il faut convenir que ce qui est rapporté dans l’ouvrage de Mathieu intitulé : Histoire des miraculés et des convulsionnaires de Saint-Médard[1] serait de nature à justifier dans une certaine mesure les sarcasmes de Voltaire et les hauts de cœur de Sainte-Beuve. Mais M. Mathieu a pris pour épigraphe un vers de Phèdre le fabuliste : « Il est dangereux de croire et de ne pas croire », et il aurait été confirmé dans son attitude réservée s’il avait connu les choses comme on commence à les connaître aujourd’hui. Le sage Rollin, le fils de Racine, auteur du beau poème de La Religion, Louis-Adrien Le Paige, et beaucoup d’autres très bons esprits, ont été partisans des convulsions parce qu’ils n’ont jamais été témoins de scènes, indécentes. Le crayon de Restout, qui a si heureusement mêlé en illustrant Montgeron le réalisme et l’idéalisme, n’a rien représenté qui pût offusquer ou scandaliser, et la belle planche où l’on voit Montgeron à genoux devant la tombe du diacre Paris confirme de tout point ce que Montgeron lui-même a dit du profond recueillement des assistants[2]. Les Discours de piété extraits en 1822 par Louis Silvy de l’énorme fatras des convulsionnaires sont très édifiants, et il s’y trouve, parmi les discours de la célèbre Sœur Holda, quelques pages d’une grande beauté. C’est autre chose que le bégaiement enfantin et le parler nègre qui se trouvent également dans les œuvres des illuminés de Saint-Médard.

  1. 2e édition. — Paris, 1864.
  2. Il en est de même de la célèbre gravure de Picart le Romaia, bien que l’on y voie une jeune femme qui tire la barbe à un capucin.