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chapitre xv

à l’arrière-plan les miracles proprement dits ; il s’est attaché de préférence aux convulsions, guérissantes ou non guérissantes. Il ne s’est plus contenté d’établir avec une rigueur scientifique la réalisé de certains phénomènes extraordinaires ; il a raisonné à perte de vue, et il a prétendu traiter des questions de théologie mystique ; il a voulu parler une langue qu’il n’avait pas apprise. Ceux mêmes qui admiraient le plus son premier volume et qui le considéraient comme « parfait en son genre »[1] ont dû reconnaître que Montgesron s’était parfois égaré dans les deux autres, principalement dans le dernier, où il se trouve des « idées dangereuses ». Les meilleurs amis du prisonnier, Colbert, Soanen, le docteur Boursier, le rédacteur des Nouvelles ecclésiastiques et quelques autres se sont même crus obligés de le réfuter de son vivant. Trente docteurs de Sorbonne, de ceux qu’on avait chassés pour leur opposition à la Bulle Unigenitus, donnèrent une consultation à ce sujet, ils décidèrent « que l’événement des convulsions, renfermant incontestablement des choses répréhensibles, devait être rejeté dans sa totalité comme un objet d’horreur et de mépris ». Les jansénistes Petitpied, d’Asfeld étaient à leur tête, et l’illustre Duguet partageait leur opinion. Mais il convient d’ajouter que Colbert, Soanen et Caylus n’allaient pas si loin dans leur réprobation. Ce furent des querelles intestines très vives, que les partisans de la Bulle mirent à profit pour accabler leurs adversaires et pour tâcher de les déshonorer. On distingua parmi les appelants les Secouristes et les Antisecouristes, les Discernants, les Consultants, sans compter ceux que Montgeron lui-même anathé-

  1. Fourquevaux, Catéchisme Historique.