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histoire du mouvement janséniste

deux appelants, un prêtre et un simple diacre. Le prêtre se nommait Gérard Rousse, chanoine d’Avenay, au diocèse de Reims ; il est devenu célèbre par les guérisons opérées sur son tombeau, notamment celle d’Anne Augier et de la dame Stapart, popularisées l’une et l’autre par les admirables gravures de Jean Restout, qui ont illustré le livre de Carré de Montgeron ; il en sera parlé longuement dans la suite.

Le diacre François de Paris est bien autrement célèbre, quoi qu’il ait cherché toute sa vie l’ombre et le mystère, et son histoire posthume mérite une attention toute particulière. Sainte-Beuve a déclaré que pour tout l’or du monde et pour toutes les promesses du ciel il ne voudrait pas aborder ce chapitre de l’histoire du jansénisme ; mais on peut aborder les chapitres les plus scabreux quand on a conscience de chercher uniquement la vérité et de se tenir à égale distance des exagérations contraires qui la défigurent ; c’est dans cet esprit que je crois pouvoir étudier l’histoire si mal connue du diacre Paris et du petit cimetière de Saint-Médard. François de Paris était le fils aîné d’un riche conseiller au Parlement de Paris, il naquit dans cette ville en 1690, et l’on ne voit pas que sa famille ait eu des relations particulières avec Port-Royal. Il ne voulut pas entrer dans la magistrature ; il préféra la carrière ecclésiastique, mais sans oser s’élever jusqu’à la prêtrise. Il fit avec succès des catéchismes et des conférences ; il étudia l’Écriture et en particulier saint Paul on a publié ses Explications des Épîtres, qui sont de bons livres ; on en pourrait publier d’autres qui sont demeurés inédits. Mais surtout il s’adonna, seul ou avec quelques compagnons, aux exercices de la pénitence la plus austère ; son rigorisme alla même trop loin, car il demeura près de