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histoire du mouvement janséniste

L’Instruction pastorale fut simplement mise à l’index par un décret que le Parlement supprima le 6 septembre.

L’effet produit par cette publication fut considérable ; elle fut reçue, dit Villefore, avec applaudissement, et elle mit dans le parti du cardinal quantité de personnes peu versées jusqu’alors dans la connaissance de cette affaire[1]. Les fanatiques de droite et de gauche s’élevèrent contre l’auteur de l’Instruction pastorale ; les modérés lui surent gré de ses dispositions conciliantes et de la conclusion qu’il donnait à son ouvrage : « Rendre la vérité victorieuse, et victorieuse par la charité. » Le pieux cardinal se faisait illusion, et il donnait ainsi des armes aux politiciens, comme la suite des événements ne tarda pas à le faire voir.

Si le gouvernement de Philippe d’Orléans avait favorisé l’appel, ou même s’il était demeuré neutre, on ne saurait dire jusqu’où se serait étendu ce mouvement de résistance orthodoxe qui ne voulait pas aller au schisme ; mais le Régent avait déclaré qu’il ne se brouillerait pas avec le pape, et il revenait sans cesse à sa première idée d’arriver à une entente. Il essaya par deux fois, en octobre 1717 et en juin 1718, d’imposer aux deux partis un silence provisoire, et finalement il négocia, avec une ténacité qu’on n’aurait pas attendue de lui, ce qu’on appelle dans l’histoire du jansénisme l’accommodement de 1720. Elle est bien curieuse, cette histoire telle qu’elle a été racontée par le président Hénault dans un très beau mémoire

  1. Mémoires secrets, tome III, p. 234. Lamoignon de Baville écrivit au ’cardinal que sa savante instruction lui avait dessillé les yeux ; il jugeait que Bissy ne pardonnerait pas à Noailles d’avoir répandu une si grosse bouteille d’encre sur sa pourpre.