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chapitre xiv

centre ; ce qu’on appelait au xviiie siècle les acceptants, les appelants et les accommodants. Les acceptants avaient à leur tête le Père Tellier, retiré à la Flèche, où il mourut en 1719, la même année que le Père Quesnel[1], les cardinaux de Bissy et de Rohan, et le fougueux évêque de Soissons, car il n’était pas encore archevêque de Sens, Languet de Gergy. Ils écrivirent force mandements, ils firent intervenir des évêques, étrangers qui acceptaient la Bulle sans la lire parce qu’elle émanait du pape infaillible, et enfin ils firent parler le Saint-Père lui-même. Les lettres Pastoralis officii, 8 septembre 1718, déclaraient « séparés de la charité du souverain pontife et de l’Église romaine tous ceux qui ne rendraient pas à la Bulle une obéissance sans réserve (omnimodam obedientiam), « fussent-ils évêques, archevêques et cardinaux ». C’était bien là l’excommunication injuste visée par Quesnel dans la 91e proposition, celle dont la crainte ne doit pas nous empêcher de faire notre devoir. Noailles répondit en commentant cette proposition par des actes ; il rendit public l’appel qu’il tenait secret depuis un an, et par la même occasion il appela au futur concile des lettres Pastoralis officii elles-mêmes (24 septembre 1718).

Un autre effet de ces malencontreuses Lettres, ce fut l’appel au pape mieux conseillé et au futur Concile que firent à l’unanimité les quatre Facultés de l’Université de Paris. Les évêques appelants appelèrent également de ces lettres, qu’ils déclaraient données au préjudice d’un appel canonique. C’est en cette occasion que, s’inspirant résolument des principes de Port-Royal, ils s’attaquèrent au molinisme, source

  1. Quesnel mourut avec une aussi grande sérénité qu’Arnauld lui-même, et il ne cessa pas de protester de sa parfaite orthodoxie et de son horreur du schisme.