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histoire du mouvement janséniste

mis de saint Augustin. Le séditieux Problème fut condamné au feu par le Parlement, et le Saint-Office le proscrivit en 1700, sans vouloir censurer une soixantaine de propositions tirées des Réflexions murales (tel était le nouveau titre de l’ouvrage de Quesnel). C’était pour les Jésuites un échec, comme jadis, lors de la Fréquente Communion ; ils gardèrent quelque temps le silence ; mais en 1702 ils renouvelèrent leurs attaques contre Quesnel et contre Noailles. Quesnel, arrêté à Bruxelles sur l’ordre du roi d’Espagne, fut incarcéré au mois de mai 1703 ; il parvint à s’évader en septembre, et se retira pour toujours en Hollande. La saisie de ses papiers ne prouva rien contre lui, non plus que celle des papiers de Saint-Cyran en 1638 ; c’est donc aux Réflexions morales seules que les Jésuites s’en prirent pour traiter Quesnel de séditieux et d’hérétique. En 1703, une de leurs créatures, l’évêque d’Apt, approbateur de Marie d’Agréda, s’avisa de condamner l’ouvrage de Quesnel comme « favorisant et fomentant le jansénisme », mais Noailles dédaigna cette attaque isolée. En 1705, après la Bulle Vineam Domini, le cardinal irrita profondément la cour de Rome par son attitude lors de l’assemblée du clergé, qui émit la prétention d’examiner et de juger les décrets du Saint-Siège, au lieu de se contenter de les recevoir avec respect et de les exécuter. Sa perte fut résolue dès lors, d’autant plus que le cardinal Albano, devenu pape sous le nom de Clément XI, avait à venger son ami le cardinal Sfondrate, dénoncé par Noailles, Bossuet et quelques autres au pape Innocent XII. En 1708, un Bref pontifical flétrit publiquement. comme janséniste le livre de Quesnel approuvé par Noailles ; mais ce Bref ne fut point reçu en France ; il fut réfuté solidement, et le succès des Réflexions mo-