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histoire du mouvement janséniste

dit-on, cent cinquante charrettes pour transporter au faubourg Saint-Jacques ce qu’elle ne fit pas vendre sur place. Elle recueillit ainsi un très riche butin, car les religieuses des Champs étaient fort économes et elles faisaient d’avance leurs provisions. Hors le vin et le cidre, qui étaient en petite quantité, il y avait en abondance des grains, des légumes secs, des œufs, de l’huile, etc. On trouva dans les celliers huit cents livres de beurre fondu et cinq ou six tonneaux de pruneaux. On recueillit également une très grande quantité de hardes et beaucoup de linge. Les tableaux qui ornaient l’église, le chapitre, le réfectoire, les parloirs et les différentes « obéissances » furent emportés de même. La Cène de Philippe de Champaigne fut replacée sur l’autel de Paris, pour lequel elle avait été faite en 1648 ; l’admirable ex-voto intitulé au Louvre les Religieuses fut revendiqué par Noailles, qui le conserva sa vie durant dans sa résidence d’été de Conflans ; après 1729 il reprit son ancienne place de 1662 dans le chapitre des religieuses. Les portraits furent relégués au grenier, car ils n’intéressaient personne à Port-Royal de Paris, et c’est là qu’un fervent ami de Port-Royal des Champs, le citoyen Camet de la Bonnardière, put les acquérir, sans doute à très bon compte, lors de la vente des biens nationaux, après que le Musée des monuments français eut enlevé la Cène et les Religieuses. En 1710, tout ce qui pouvait être utilisé par Mme  de Château-Renaud fut transporté au faubourg Saint-Jacques ; mais Port-Royal de Paris, administré de la manière la plus désordonnée, n’en devint pas plus riche ; bien mal acquis ne profite jamais.

Restaient les bâtiments ; après bien des tergiversations, on résolut de les détruire et de n’y pas laisser pierre sur pierre ; ce fut l’occasion de scènes horri-