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histoire du mouvement janséniste

un jour par la violence ou autrement. C’était une sage précaution, car la plupart de ces infortunées n’ont pas eu l’indomptable énergie de la Mère Du Mesnil et de la Sœur du Valois. Toutes les oppositions des religieuses furent inutiles, non seulement on ne leur rendit jamais justice, mais on incarcéra Le Noir de Saint-Claude, un avocat qui venait à leur secours, et on entassa comme à plaisir illégalités sur illégalités. Les requêtes du monastère de Paris étaient au contraire admises sans difficulté, et l’on en vint même à annuler, pour favoriser leurs prétentions, la bulle de partage donnée en 1679 par Clément IX.

Pour couper court à toutes les réclamations, la cour fit encore intervenir le pape, mais, chose étrange, Clément XI semblait hésiter ; il ne se pressait pas, et il envoya une première bulle qui ne fut pas acceptée parce qu’elle autorisait les religieuses de Port-Royal à terminer leurs jours dans l’abbaye supprimée. Louis XIV insista pour obtenir autre chose, et finalement le pape signa la bulle d’extinction qu’il accompagna de considérants très durs, « pour que le nid où l’hérésie jansénienne avait pris de si pernicieux accroissements fût entièrement ruiné et déraciné ». Noailles procéda à cette exécution comme commissaire du Saint-Siège et avec beaucoup de zèle. Le 11 juillet 1709, il rendit un décret par lequel il supprimait et éteignait à perpétuité l’abbaye et monastère de Port-Royal des Champs, dont tous les biens, droits et revenus étaient appliqués et dévolus à l’abbaye et monastère de Port-Royal de Paris. En vertu de ce décret’, l’abbesse de Paris, Mme de Château-Renaud, prit officiellement possession de sa maison des Champs le 1er octobre, et le récit qu’elle a fait de cette expédition fait voir combien la Mère Anastasie