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chapitre xii

nauld ne saurait être ridicule, et ainsi les religieuses de 1706 sont pleinement justifiées par Sainte-Beuve lui-même, malgré sa partialité. Elles ne sont pas intervenues spontanément ; on les a mises au pied du mur en leur demandant un désaveu de tout leur passé ; elles ont eu raison de demeurer fidèles à ce glorieux passé, dussent-elles signer ainsi leur arrêt de mort. La Mère Angélique, la Mère Agnès et la Mère Angélique de Saint-Jean ne les auraient pas désavouées.

Les faits postérieurs peuvent être rapportés brièvement, car ils sont connus de tout le monde. Les religieuses furent châtiées de ce qu’on appelait leur désobéissance avec une rigueur extrême. Noailles ne leur permit pas d’élire une abbesse pour remplacer la Mère Boulard, morte en 1706. Il n’y eut point de vote ; la Mère Anastasie du Mesnil fut simplement nommée prieure par l’abbesse agonisante, et elle en fit les fonctions jusqu’au dernier jour. C’était un beau et noble caractère ; et elle eut à cœur de continuer les traditions des sœurs Briquet et Brégy, qui étaient comme elle de noble extraction. Le cardinal n’hésita même pas à priver les religieuses de sacrements, tout comme Péréfixe en 1664. Il y eut une suite ininterrompue d’attaques violentes contre lesquelles le pauvre monastère se défendit comme jadis, par des oppositions, des protestations, des requêtes, des appels à la primatie de Lyon, et des recours au Saint-Siège. Il peut même sembler qu’il y ait eu trop de procédure, car les martyrs n’ont jamais cité leurs bourreaux devant les tribunaux. La seule pièce dont il y ait lieu de conserver le souvenir, c’est l’acte capitulaire du 8 mai 1707, par lequel toutes les religieuses protestaient à l’avance contre les signatures qu’on pourrait leur extorquer