Page:Gazier - Histoire générale du mouvement janséniste, depuis ses origines jusqu’à nos jours, tome 1.djvu/228

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
216
histoire du mouvement janséniste

bruit à Saint-Médard, où il repose auprès de Duguet, ne souleva aucun incident fâcheux, et il en fut de même des nombreuses morts que dom Clémencet et Jérôme Besoigne ont enregistrées dans leurs histoires. Outre celles qui ont été mentionnées déjà, on y relève les morts du bon curé Grenet, le supérieur maintenu par l’archevêque : il fut enterré au milieu du cimetière des religieuses, comme autrefois Singlin dans le préau de Paris (1684) ; de Thomas du Fossé, camarade de Racine aux Petites Écoles, continuateur de la Bible de Saci, et auteur de charmants Mémoires (1684) ; de la princesse de Guéméné, qui finit tristement ses jours loin de Paris (1685). Le célèbre Le Tourneux, auquel Sainte-Beuve a consacré un bon chapitre parce qu’il retrouve en lui la pure tradition de Singlin et de Saci, mourut très jeune en 1686 Harlay reconnut son mérite, le protégea, lui fit composer l’Année chrétienne un excellent ouvrage, et ne tarda pas à le persécuter comme les autres. Bourgeois mourut en 1687 et Sébastien du Cambout de Pontchâteau en 1690. Ce dernier, un homme si original, mériterait une étude à part : solitaire intermittent, agent d’affaires très habile, grand voyageur, nouvelliste très bien informé et polémiste redoutable, il a laisse des écrits, et notamment une sorte de journal qui pourraient être bien précieux pour l’histoire. En 1692 mourut subitement, au retour d’un pélerinage à Port-Royal, Godedefroi Hermant, chanoine de Beauvais et ami particulier des Lamoignons, celui-là même qui a laisse des Mémoires si complets. Il les avait déposés à Port-Royal des Champs, et la Mère Le Féron, archiviste et bibliothécaire modèle, en a tiré une belle copie en six gros volumes qui fut utilisée par dom Gerberon, par Racine, et plus tard par les savants éditeurs d’Arnauld ; c’est elle qui a