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chapitre ix

justice, car le prince et la princesse de Conti ont eu pour Port-Royal des sentiments de profonde affection. Le prince, converti par Pavillon au cours d’une jeunesse de débauches, est mort comme un saint en 1666, avant la paix de l’Église. La princesse sa veuve fit élever ses fils par Claude Lancelot, elle se déclara hautement pour Port-Royal, prit la défense de ses doctrines contre Bourdaloue lui-même, et mourut à trente-cinq ans, en 1672. Ses entrailles furent enterrées, comme elle l’avait demandé expressément, à Port-Royal des Champs. Le prince son époux était mort à Pézenas et avait voulu être enterré chez les Chartreux, de Villeneuve-lès-Avignon. Une épitaphe, composée par Nicole et gravée sur une grande pierre, recouvrait sa tombe, placée au milieu du chœur des Chartreux. C’est dans les ruines de la Chartreuse de Villeneuve, que l’abbé Fuzet, curé de cette paroisse, a découvert le squelette du prince, dont la tombe avait été violée en 1793. Ce qui s’est retrouvé de ses ossements, notamment la tête, les gros os, les côtes et la colonne vertébrale, qui est bien celle d’un bossu, a été remis par M. Fuzet, devenu archevêque de Rouen, à l’un des propriétaires actuels du domaine de Port-Royal. Placés dans un petit cercueil de chêne, les restes du cousin de Louis XIV ont été déposés dans la crypte de l’Oratoire-musée ; un procès-verbal portant différentes signatures et entre autres celles de Mme Jules Lebaudy (Guillaume Dall) et de M. René Vallery-Radot relate cette translation.

La mort de Mme de Longueville, que suivit de près celle d’un autre protecteur de Port-Royal, le cardinal de Retz, converti lui aussi et considéré par Arnauld même et par Quesnel comme un prédestiné, fut le signal d’une violente persécution dont Harlay de