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chapitre xi

queue de Pascal comme il y a la queue de Voltaire. » Ce n’était pas l’avis de Bossuet, qui parlera encore en 1700 des ordures des Casuistes et qui s’attaquera précisément à ce qu’on pourrait appeler la queue d’Escobar.

Ce ne fut pas non plus l’avis de quelques évêques français, notamment de l’évêque d’Arras, Gui de Sève de Rochechouart, qui n’était nullement janséniste, et qui ne figure dans aucun nécrologe des amis de Port-Royal. Il crut devoir en 1676 dénoncer au pape Innocent XI des propositions qu’il jugeait subversives ou même abominables, et il s’entendit à ce sujet avec l’évêque de Saint-Pons, Percin de Montgaillard, ami particulier de Pavillon, d’Arnauld et de Nicole. Les deux prélats rédigèrent de concert une lettre qui devait être remise secrètement au pape, et ils crurent bien faire de recourir à Nicole comme on avait recouru à Guillaume Wendrock quinze ans aupararant. Le timide Nicole refusa d’abord, mais on fit intervenir Mme de Longueville, qui lui avait donné lors des plus mauvais jours une hospitalité si généreuse. Elle insista, il céda, et il prêta sa plume de latiniste émérite « plutôt, dit-il, en grammairien qu’en théologien. » Innocent XI accueillit favorablement cette requête des deux évêques, qui n’avaient pas voulu, pour éviter des difficultés, demander d’autres signatures, Comme il était d’ailleurs sollicité par des docteurs de Louvain qui le suppliaient de condamner des propositions qui lui étaient déférées, il condamna solennellement soixante-cinq propositions. Les Jésuites n’étaient nommés ni dans la lettre rédigée par Nicole[1], ni dans

  1. Elle a été imprimée au tome III de La Vie de Papillon, publiée à Utrecht en 1739, elle est très forte et très belle.