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chapitre x

n’avait point d’autres sentiments que ceux qu’il avait puisés dans l’Écriture sainte et dans la tradition de l’Église ; que sa science n’était que celle des saints Pères ; qu’il ne parlait point d’autre langage que celui de la parole de Dieu, et que, bien loin de conduire les âmes par des voies particulières et écartées, il ne savait point d’autres chemins pour les mener à Dieu que celui de la pénitence et de la charité. Ainsi ces Lettres ont été reçues avec une approbation générale de toutes les personnes de piété, et on les a considérées comme l’ouvrage de nos jours qui forme la plus haute et la plus parfaite idée de la vie chrétienne… »

L’évêque de Meaux, Dominique de Ligny, frère de l’abbesse enlevée par Péréfixe en 1664, vantait d’abord Saint-Cyran directeur, et il parlait ensuite de sa doctrine « si pure, si solide, si chrétienne ». Pavillon rappela l’estime et la vénération qu’il avait toujours eues pour les Lettres spirituelles ; et Choart de Buzanval, évêque de Beauvais, profitait de l’occasion pour « honorer, disait-il, la mémoire d’un des plus grands hommes de notre temps, qui avait joint une rare piété à une éminente doctrine et [qui] a fait voir dans tous ses écrits combien il était consommé dans la science des saints, et avec quelle pénétration il savait juger des choses spirituelles ».

Toutes ces approbations, dressées par des évêques qui semblent bien s’être donné le mot, ne séparent pas de Saint-Cyran l’éditeur de ses œuvres, Arnauld d’Andilly ; c’est comme une grande manifestation en l’honneur de ce vieillard de quatre-vingt deux ans qui séjournait à Pomponne parce qu’il n’osait pas encore revenir aux Granges de Port-Royal. Mais on ne se serait pas attendu à voir l’ami de Jansénius, l’inspirateur des religieuses et des solitaires de Port-