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histoire du mouvement janséniste

court de Charmont, la sœur Hélène de Sainte-Agnès de Savonières, la Sœur Anne-Marie de Sainte-Eustoquie de Flexelles de Brégy, la Sœur Élisabeth de Sainte-Agnès Le Féron, celle qui plus tard a mis sur pied les Mémoires d’Hermant ; la Sœur Madeleine de Sainte-Christine Briquet, celle que Royer Collard admirait entre toutes, la Sœur Geneviève de l’Incarnation Pineau, et vingt autres peut être.

Les relations du monastère avec les familles de ses religieuses ou de ses pensionnaires étaient nécessairement assez étendues ; Port-Royal comptait de nombreux amis du dehors dans toutes les classes de la société, même à la Cour, chez ceux qui comme lui n’aimaient pas les Jésuites. Malheureusement la reine mère avait été circonvenue de très bonne heure. Bigote et sensuelle, comme le prouve sa correspondance, elle était évidemment, pour que le péché fût ôté, comme dit Molière, unie à Mazarin par un mariage de conscience, et de ce chef elle était sous la dépendance des casuistes ; dès la première heure elle crut ce que les Jésuites lui dirent contre Port-Royal ; elle prit ce monastère en haine, et elle ne désarma jamais. Le roi son fils, que la Fronde avait littéralement épouvanté, ne cessa jamais de croire, — c’est Racine qui l’atteste dans une lettre à Mme de Maintenon — que les jansénistes étaient des hérétiques dangereux, et qui plus est des sujets rebelles qui en voulaient à son trône et peut-être à sa vie. Rien n’aurait pu le désabuser, et ceux qui tentèrent de le faire durent reconnaître, comme Bossuet, que Louis XIV était pour Port-Royal un ennemi irréconciliable, un persécuteur toujours prêt à sévir.

Il n’en était pas de même dans sa famille la reine Marie-Thérèse parait être restée indifférente ; elle comptait si peu à la cour ! Gaston d’Orléans fit une