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chapitre vii

encore à Port-Royal de Paris, et on a d’elle des petits livres calligraphiés, dont un daté de 1662, qui sont de véritables merveilles[1] Le 22 janvier, le doyen de Contes vint encore à Port-Royal pour informer au sujet du miracle, et aussi pour proposer de la part de la cour, qui s’en contenterait, une signature accompagnée d’un préambule. Aux considérations que les religieuses avaient signées le 28 novembre, on ajoutait simplement ces quelques lignes ; « Et puisque Sa Sainteté et le pape Innocent X ont décidé que ces erreurs se trouvent dans les cinq propositions au sens qu’elles ont dans la doctrine de Jansénius, nous nous soumettons sincèrement à cette décision, et rejetons de cœur et de bouche lesdites propositions et les sens qu’elles ont dans la doctrine de Jansénius. Ainsi signé. » C’était se moquer des pauvres religieuses que de défigurer ainsi leurs considérants, ou leur tendre un piège grossier, ou plutôt leur montrer clairement qu’on voulait les exterminer, puisqu’on leur proposait des conditions déshonorantes. Elles s’en tinrent donc résolument à ce qu’elles avaient fait elles attendirent les événements, et elles se consolèrent et se fortifièrent les unes les autres en se répétant « Bienheureux ceux qui souffrent persécution pour la justice. »

Sainte-Beuve, qui se pose en juge impartial et de bonne foi, est ici bien injuste pour les religieuses de Port-Royal. Leur résistance l’impatiente, et « il a peine à pardonner à ces pieuses filles un entêtement si absolu sur un point accessoire et qui paraît si peu considérable…. Tous les faux fuyants, tous les airs

  1. On peut voir au Louvre le tableau commémoratif de cette guérison, c’est le chef-d’œuvre de Ph. de Champagne, un des plus beaux joyaux du musée.