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chapitre vii

doyen de Notre-Dame, et M. de Hodencq, curé de Saint-Séverin, furent sommés par le roi de faire signer le Formulaire, parce que la cour s’imaginait que l’exemple de Paris entraînerait les autres diocèses, où l’on ne témoignait pas beaucoup d’enthousiasme pour les signatures. Le doyen de Contes était au fond très favorable à Port-Royal, et les intrigues de l’Assemblée du Clergé lui faisaient horreur ; mais il avait des neveux et des nièces, tout comme le pape, et la crainte des persécutions devait suffire pour l’amener à composition. Il débuta pourtant par un acte de courage, car le 19 juin 1661, au moment où son indigne archevêque écrivait de Rome au Père Annat et le félicitait de ce qu’il faisait pour l’extermination du jansénisme, de Contes publia un mandement qui aurait pu amener la pacification religieuse. Il avait été rédigé, dit-on, avec la collaboration de Pascal, et il établissait la distinction du fait et du droit, proposée, comme on l’a vu dans la dix-huitième Provinciale[1]. Ce mandement eut pour effet d’irriter la cour, d’exaspérer les évêques auteurs du Formulaire ainsi que tous les partisans des Jésuites, et en outre il divisa profondément les défenseurs de saint Augustin. Quelques-uns l’accueillirent avec enthousiasme et crièrent au miracle ; d’autres, comme Arnauld et Singlin, voulaient que l’on signât purement et simplement, puisqu’il n’exigeait sur le fait de Jansénius que le silence respectueux. Arnauld, le terrible batailleur, était au premier rang de ces modérés, et il faisait valoir des arguments bien forts. « Si la cour, disait-il, ne détruit pas ce que les grands vicaires ont fait, on peut dire qu’ils ont

  1. À ce titre il figure dans l’édition de Pascal Brunschwicg-Gazier-Boutroux, tome X, p. 82.