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chapitre vii

adressée à tous les évêques avec une circulaire de l’Assemblée, et que l’on y joindrait le formulaire de juin 1655 légèrement modifié. On demanderait au roi une déclaration qui enjoindrait à tous les ecclésiastiques du royaume de signer sans délai et la bulle et le formulaire, et qui défendrait de recourir à l’appel comme d’abus.

Si les choses avaient marché alors au gré de Pierre de Marca et du Père Annat, beaucoup plus ardents que le pape lui-même, c’était à bref délai l’extermination de tous ceux qui défendaient saint Augustin contre les sectateurs de Molina, car ils ne pouvaient sans se parjurer et sans forfaire à l’honneur accepter une telle bulle et signer un semblable formulaire, c’eût été faire un mensonge et proférer une calomnie, et c’est à quoi voulait les acculer la rage de leurs ennemis. Pascal venait précisément de mettre les choses au point avec une rigueur mathématique dans cette dix-huitième Provinciale, à laquelle il faut toujours revenir quand on veut établir sur des bases inébranlables la parfaite orthodoxie de Port-Royal et des prétendus jansénistes. Il réfutait respectueusement la bulle et montrait que la religion d’Alexandre VII avait été trompée ; il substituait au formulaire du clergé une admirable profession de foi qui visait Jansénius et Molina, Luther et Calvin, saint Augustin et saint Thomas ; il suggérait enfin la distinction si chrétienne du fait et du droit qui rendait les gens de Port-Royal « catholiques sur le droit, raisonnables sur le fait, et innocents en l’un et en l’autre ».

Toutefois la manœuvre si audacieuse de Marca et du Père Annat était de nature à ébranler les plus fermes. Arnauld lui-même, profondément troublé, consulta Pavillon, et le saint évêque d’Alet, encore