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position de l’homme et de la femme au milieu du parapet et quelques variantes dans le panorama. Je ne fus pas moins frappé des ressemblances que je relevai dans les figures de la Vierge et de l’Enfant : d’abord une égalité absolue des mensurations ; puis un air de famille évident sur le visage de la Madone et sur celui de l’Enfant ; une similitude manifeste dans le dessin, le modelé, voire la pose de la main droite de la Vierge et dans les pieds de l’Enfant[1] ; enfin, sauf une absence de tonalité dorée, — due peut-être à un nettoyage excessif[2], — une note analogue dans les colorations et la facture.

Toutefois il ne pouvait être question un seul instant d’une attribution de notre tableau à Roger de la Pasture. La désignation du catalogue de Munich est de pure fantaisie, comme l’atteste la plus superficielle comparaison de l’œuvre qu’elle vise avec celles qu’exposent sous le nom de van der Weyden les musées de Berlin et du Prado : elle n’échappe même pas au reproche de légèreté, vu qu’elle se renouvelle pour le triptyque voisin de la Nativité (n° 101), pour tant à tous égards si dissemblable, que le contraste saute aux yeux les moins expérimentés.

Par contre, la confrontation de notre panneau avec des œuvres authentiques de Gérard David, — notamment avec la Vierge au revers du volet gauche du Baptême du Christ du musée de Bruges, la Vierge environnée de saintes du musée de Rouen (n° 210) et le Mariage mystique de sainte Catherine de la National Gallery (n° 1432), œuvres dont la reproduction accompagne ces lignes — me révéla non seulement des ressemblances de style, mais encore des identités matérielles que je vais détailler en analysant successivement les formes et le costume de la Vierge et de l’Enfant, les anges, les figurants, les accessoires, la couleur et la facture.

Sans doute, le visage de notre Vierge ne répète pas exactement celui que nous montrent les Madones de Bruges, de Londres et surtout de Rouen. Mais, outre que rien n’autorise l’hypothèse que Gérard David se soit confiné dans l’imitation d’un modèle unique (d’autant que son œuvre nous reste encore très imparfaitement connue),

  1. Pour cette dernière partie de la comparaison le terme emprunté au tableau de Lille est le dessin primitif des pieds (voir plus loin).
  2. Aussi bien la pièce est-elle terriblement propre et nette !