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SCÈNE II.
Deux étrangers arrivent de deux côtés opposés et s’arrêtent devant le marronnier, dont ils considèrent le feuillage naissant. — 20 mars.


premier étranger, à part. — Il est en fleur. Rien n’est plus vrai. C’est un arbre merveilleux.

second étranger, à part. — Ces Français sont un peuple fanfaron ; il n’y a pas plus de fleurs que sur ma main, à cet arbre.

premier étranger, à part. — Je le croyais moins élevé.

second étranger, à part. — C’est Un petit arbre, à tout prendre.

premier étranger, à part. — Ma foi, je suis bien aise de l’avoir vu.

second étranger, à part. — Je ne le voudrais pas dans mon jardin, quand le roi me l’offrirait. (ils s’éloignent.)

SCÈNE III.
un général et sa femme.

le général. — Il me semble que nous pourrions nous asseoir là, si vous le trouvez bon, Nancy.

nancy. — N’avez-vous pas un ordre à prendre au château ?

le général. — Précisément. — J’irai dans un moment, et vous m’attendrez là deux minutes. (Ils s’assoient sous le marronnier.) Ces premiers jours de printemps sont intolérables.

nancy. — Ce n’est pas ce que disent les poëtes, mon cher général.

le général. — Je voudrais qu’on leur mît un sac sur le dos, à vos poëtes, ma chère, pour leur apprendre à juger les choses.

nancy. — C’est une mesure fort désirable, monsieur.

le général. — À propos, est-il vrai que j’aie autant bruni qu’on le dit, — en Afrique ?

nancy. — Vous ?

le général. — Oui, moi.

nancy.nancy. — Bruni ?

le général. — Sans doute. On m’en a fait compliment hier, et je vous avoue que j’en serais charmé.