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ces attentions ignorantes ; elles se portaient plus agréablement sur des fictions moins académiques. — Le loup-garou, le moine-bourru, la bête du Gévaudan, tels étaient les sujets principaux que la gravure, la légende et la complainte se chargeaient d’immortaliser.

Ceci est du Louis XV ; mais déjà le sieur Renaudot avait fondé la Gazette de France, et le sieur Visé le Mercure galant ; — le canard allait avoir un domicile fixe… le journalisme était créé !

Le premier canard répandu par les journaux a été la dent d’or. Un enfant était né avec une dent d’or ; le fait fut constaté, prouvé, étudié par les académies ; on publia des mémoires pour et contre. — Plus tard il fut reconnu que la dent était seulement plaquée ; mais personne ne voulut croire à cette explication.

Il y eut encore l’accouchement phénoménal d’une comtesse de Hollande, mère de cent enfants, qui furent tous baptisés.

Les journaux officiels s’augmentèrent peu pendant le xviiie siècle ; le Journal de Trévoux, le Journal des Savants, semèrent force canards scientifiques dans la société d’alors ; les Mémoires secrets de Collé et le Recueil de Bachaumont ne négligeaient pas non plus ce sous-genre intéressant.

La Révolution avait le culte du vrai. Le canard eût été dangereux à cette époque ; on le garda pour des temps meilleurs.

L’Empire en avait beaucoup connu (des canards) le long des temples de Karnac, sur les obélisques et généralement dans les pays étrangers… La grande armée en rapportait quelquefois dans ses foyers, mais en admettait extrêmement peu dans ses lectures.

Il était donné à la Restauration de réinstaller le canard dans la publicité parisienne. — Le premier et le plus beau après 1814 fut la femme à la tête de mort.

Cette créature bizarre avait du reste un corps superbe et deux ou