— Bien ! Sur quel côté ?
— À gauche.
— Bien ! Combien avez-vous de matelas à votre lit ?
— Trois.
— Bien ! Y a-t-il un sommier ?
— Mais, oui…
— Quelle est la substance du sommier ?
— Le crin.
— Bon ! Marchez un peu devant moi… Oh ! mais naturellement et comme si nous ne vous regardions pas… »
Caroline marche à la Elssler en agitant sa tournure de la façon la plus andalouse.
« Vous ne sentez pas un peu de pesanteur dans les genoux ?
— Mais… non… (Elle revient à sa place.) Mon Dieu, quand on s’examine, il me semble maintenant que oui…
— Bon ! Vous êtes restée à la maison depuis quelque temps ?…
— Oh ! oui, monsieur, beaucoup trop… et seule.
— Bien, c’est cela. Comment vous coiffez-vous pour la nuit ?
— Un bonnet brodé, puis quelquefois par-dessus un foulard…
— Vous n’y sentez pas des chaleurs… une petite sueur…
— En dormant, cela me semble difficile.
— Vous pourriez trouver votre linge humide à l’endroit du front en vous réveillant ?
— Quelquefois.
— Bon ! Donnez-moi votre main. »
Le docteur tire sa montre.
« Vous ai-je dit que j’ai des vertiges ? dit Caroline.
— Chut !… fait le docteur qui compte les pulsations. Est-ce le soir ?…
— Non, le matin.
— Ah ! diantre, des vertiges le matin, dit-il en regardant Adolphe.
— Eh bien ! que dites-vous de l’état de madame ? demande Adolphe.
— Le duc de G*** n’est pas allé à Londres, dit le grand médecin en étudiant la peau de Caroline, et l’on en cause beaucoup faubourg Saint-Germain.
— Vous y avez des malades ? demande Caroline.
— Presque tous… Eh ! mon Dieu ! j’en ai sept à voir ce matin, dont quelques-uns sont en danger… »