Page:Gavarni - Grandville - Le Diable à Paris, tome 1.djvu/71

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Excusez-moi, monsieur, répondit Baptiste en haussant les épaules ; mais voilà un titre qui me paraît plus godiche encore que les autres : « Ce que cest qu’un passant ! » Faut-il être bête de croire que quelqu’un peut avoir besoin qu’on lui explique une chose aussi simple !

— Donc, maître Baptiste, vous savez ce que c’est qu’un passant ?

— Dame, monsieur, répondit Baptiste, il n’y a pas besoin d’être sorcier pour ça. Un passant, c’est ce que monsieur regarde par la fenêtre, quand il n’a rien de mieux à faire, c’est ce que je vois du haut du balcon quand j’ai fini d’épousseter, et que je me repose en attendant que la poussière que j’ai dérangée se remette à sa place. C’est enfin tout le monde qui va d’un côté ou de l’autre, suivant son idée. »

Présentant alors à son maître le manuscrit : « les Passants à Paris. »

« Après ça, si monsieur tient à savoir ce que les écrivains sont capables d’écrire quand ils n’ont rien à dire, que monsieur lise lui-même. C’est encore heureux que le cahier ne soit pas gros.

— Au fait, dit Flammèche, qui n’avait peut-être pas contre le sujet qui excitait la pitié de M. Baptiste pour son auteur les mêmes préjugés que son valet de chambre, au fait, lisons, monsieur Baptiste. »