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posés, dont le moins bon était excellent ; mais par cela même le choix devenait difficile, et sur la proposition d’un des membres les plus respectés de l’assemblée, il fut décidé que, pour sortir d’embarras, on n’en suivrait aucun. Il se dit à cette occasion les choses les plus ingénieuses et les plus sensées contre les méthodes et contre les classifications, qui alourdissent tout sans rien éclairer, contre la règle enfin, et contre la raison elle-même.

« Paris est un théâtre dont la toile est incessamment levée, dit l’illustre écrivain qui avait conclu contre les méthodes, et il y a autant de manières de considérer les innombrables comédies qui s’y jouent qu’il y a de places dans son immense enceinte. Que chacun de nous le voie donc comme il pourra, celui-ci du parterre, celui-là des loges, tel autre de l’amphithéâtre : il faudra bien que la vérité se trouve au milieu de ces jugements divers. D’ailleurs, souvent un beau désordre…

Est un effet de l’art ! cria l’assemblée tout entière ; ceci est connu foin des méthodes ! »

Un point fut dès lors résolu, c’est que, comme garantie d’impartialité, on prendrait pour devise ce mot d’un ancien :

« Tu parleras pour ; — tu parleras contre ; — tu parleras sur. »

Il fut décidé aussi, sur l’avis de Flammèche, que, — pour satisfaire aux idées d’ordre qu’il connaissait à Satan, — des notes scientifiques et autres seraient jointes au dernier article avec une table raisonnée des matières, de façon à satisfaire les esprits sérieux de l’enfer, au cas où il pourrait se trouver des esprits sérieux en enfer.

S’étant alors approché d’un meuble de forme assez bizarre, monsieur l’ambassadeur pressa un ressort qui fit ouvrir un tiroir entièrement noir.