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pour nous distraire, nous lisions quelques histoires ! Dans les histoires, les auteurs mettent tout de même des réflexions, de ça on ne peut pas les empêcher, mais ça passe mieux avec le reste. Voyez-vous, les idées des auteurs, quand c’est à part, je n’aime pas beaucoup ça ! Il faut presque travailler pour les comprendre, et les vrais livres ne doivent être que pour amuser, bien certainement.

— Un bon maître doit toujours obéir à son domestique : Je serais désolé de vous contrarier, monsieur Baptiste, dit Flammèche. Voyons donc ce que vous avez à m’offrir en fait d’histoires, et cætera.

— Nous ne manquons de rien, dit Baptiste : tenez, voilà d’abord les Drames invisibles de Frédéric Soulié. Les drames invisibles, c’est toujours ceux-là qu’on a envie de connaître, n’est-ce pas, monsieur ? L’homme est curieux de ce qu’on lui cache, le titre déjà est donc bien trouvé. M. Soulié, qui a fait les Mémoires du Diable, que monsieur devrait bien connaître, doit avoir fait sous ce titre-là quelque chose qui mérite d’être lu, bien sûr. Et puis voilà les Billes d’agate de M. Eugène Sue, l’auteur des Mystères de Paris, un auteur étonnant, monsieur ! et puis les Amours d’un Pierrot, et une chose qui s’intitule Appartement de garçon à louer. Mais ces deux-là, c’est de celui dont nous venons de lire les Passants, ce serait trop tôt du même. Monsieur préférerait peut-être : Paris marié, philosophie de la Vie conjugale, de M. de Balzac. M. de Balzac a fait bien du tort aux maris, en faisant tourner la tête à leurs femmes, à ce que m’a dit un de mes anciens maîtres, qui n’était pas garçon comme monsieur. Aimez-vous mieux quelque chose de M. Jules Sandeau, ou de M. Octave Feuillet, ou de Charles Nodier, ou de George Sand ? Monsieur ne se fâchera pas d’apprendre que cet écrivain-là c’est une dame : les femmes de génie, il n’y en a pas par douzaines. MM. Gautier, Méry, Gustave Droz, Rochefort, Villemot, Texier, Kaempfen, ont bien voulu nous envoyer déjà des articles, c’est bien aimable à eux d’avoir été si exacts. Je vois que nous ne manquerons de rien ; et comme tous les jours il va nous arriver quelque chose de nouveau, comme nous pouvons compter sur les vignettes de Gavarni, de Granville, de Bertall, de Cham et de Dantan, sur les vues de Paris, ancien et nouveau, de Clerget et de Champin, il est clair que nous allons amasser là peu à peu un livre vraiment beau et très-riche. Tiens, voilà quelque chose de M. Gozlan, un homme extrêmement fin ; les titres plairont à monsieur, avec les idées que je crois qu’il a : Ce que c’est qu’une Parisienne ; les Maîtresses à