Page:Gauvreau - Captive et bourreau, paru dans La Gazette des Campagnes, 1883.pdf/88

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les États-Unis menaçaient les intérêts des Anglais sur ce continent ; l’Angleterre devait donc faire en sorte de se ménager les Canadiens français qui pouvaient se montrer, à bon droit, peu zélés pour leurs oppresseurs. Albion devait donc se montrer généreuse ; Craig s’en allait mourant, et les ministres Anglais ne le rappelaient pas, par respect pour son triste état ; et puis l’on avait un Sir Robert Peel, dans le Parlement Anglais pour s’opposer énergiquement à ce système d’intimidation exercé ici, contre nos nationaux.

Ce fut donc heureux pour George qui put assez facilement trouver une place à bord d’un voilier partant pour les Indes. La navire devait nécessairement faire escale en Angleterre.

La mer est grosse ; les vagues énormes, poussées par le vent Sud Ouest, se ruent sur la coque du Vigilant, beau navire, aux voiles blanches, qui file son nœud gaillardement. Tout est propre et bien mis ; le plancher reluit au soleil ; les agrès resplendissent, et les matelots joyeux entonnent un chant guerrier et national.

Il est cinq heures de l’après midi ; le vaisseau file à toute vitesse, laissant derrière lui un sillon blanchâtre où vont se plonger les goélands, avides de poissons. Là bas, le dôme de la vieille cathédrale resplendit sous les feux du soleil. Le léopard qui a remplacé le pavillon fleurdelisé, flotte sur la citadelle, au gré capricieux de la brise. La sentinelle se meut lentement près du canon dont la gueule semble menacer Lévis et la rade où s’agitent un monde d’embarcations légères et de gros navires mar­chands.

Pauvre George ! au milieu de cette multitude qui semble assez vaillante, il jette un regard plein de