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lieux. Mélas ne voit qu’elle ; il n’ose pas encore maudire la dureté des circonstances. Il pardonne bien cette incartade de jeune fille, attribuant à la beauté seule des lieux, ce départ subit qui le laisse tout désarçonné au beau milieu d’une phrase pleine d’emphase et de sentiments tendrement exprimés. Tout n’est pas fini encore, se dit-il, comme manière de consolation. L’enthousiasme prend fin une fois. Elle reviendra à moi, et libre je pourrai lui avouer ce secret que j’aurais jamais dû trouver dans mon cœur, si elle doit me préférer à un autre. Pourquoi souffrir ainsi ? Pourquoi ne pas l’oublier ? Oh ! oh ! demandez au soleil de ne pas luire, à la mer de ne plus se plaindre, et alors je cesserai de l’aimer.

Ainsi pensait Mélas, à cette heure où Alexandrine criait : « Que c’est beau ! oh ! que c’est beau ! »


VII

LES CONFIDENCES.


L’enthousiasme était passé : c’est une traînée lumineuse qui ne laisse rien après elle, si ce n’est un éblouissement qui dure peu de temps. Tous les invités rassasiés du spectacle féérique qui venait de frapper leurs yeux cherchaient des endroits pleins d’ombres, pour s’y reposer un peu des fatigues d’une assez longue marche.

Mélas a pour partage le Notaire Boildieu, qui discute sur les questions du jour et finit par parler des gaz qui s’échappent des marais et de leur influence sur le règne animal et végétal.