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avait pas alourdi l’esprit ni les jambes. Il était plein de science, d’esprit et de connaissances pratiques. Il savait rire, s’amuser et travailler, mais en temps et lieu.

Mes amis, s’écrie-t-il, je vous ai dit tout à l’heure que la nature était belle. Oui, il s’agit bien de nourrir seulement les yeux de ce spectacle sublime, grandiose, et même beau de la nature dans toute sa splendeur.

— Vous devenez poëte, mon père ?

— Je crois que oui ; qui ne le serait pas quand la nature est belle avec toi… mais cela ne fait pas le compte de l’estomac qui crie et demande qu’au moins on ne l’oublie pas en ce jour de fête.

— Allons ! s’écrie George, ventre affamé n’a pas d’oreilles ; pourtant je sens bien que j’ai faim, et j’ai bien entendu ce que M. Boildieu vient de dire. Maintenant chacun son ouvrage : les uns au bois, les autres aux plats, d’autres au feu, enfin le reste à l’ordinaire.

Ce fut une débandade générale ; cependant elle ne se fit pas si rapide que George ne put pas dire à Alexandrine qui s’était montrée prévenante à bord :

Mademoiselle, je vous demanderais une faveur ?

— Laquelle, Monsieur George ?

— Celle de vous accompagner ce soir.

— J’accepte et je vous le promets.

Ils se séparèrent. George ne savait pas, lui, qu’on devait faire une excursion dans l’île ; il sera supplanté, le malheureux George, et il en souffrira à son retour.