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C’était à la fin de juin 1810. Les élèves s’étaient levés avec une pluie fine. Mais un clairon doré dans le Nord avait mis sur leur front un rayon d’espoir ; le temps tournerait au beau sur la fin ou vers le milieu même du jour. C’était ce que les élèves désiraient. En effet, qu’il pleuve à verse pendant la distribution des prix, qu’importe, pourvu qu’on puisse allumer la pipe par un beau soleil et arriver gaillardement au village natal.

Donc ce matin du dernier de juin 1810, il pleuvait, mais la pluie allait diminuant. L’heure solennelle est arrivée. Sur le théâtre improvisé, un large tapis étale ses roses blanches et rouges entrelacées de mille autres fleurs artificielles. Au bas, une large table supporte un amas de prix de toutes couleurs. Pendant que les élèves, à tour de rôle, vont chercher leurs prix, écoutons deux élèves qui, dans un coin de la salle du Séminaire de Québec, parlent ensemble. Ce sont les fils respectifs de Mmes Vincent et Dubois : Mélas et Georges.

George est un grand blond à l’œil vif et souvent mélancolique, son front est large. Deux bosses saillantes attestent qu’il y a de l’intelligence et du talent dans cette petite tête ronde. Sa figure est maladive, un cercle de bistre entoure ses yeux qui ont parfois une fixité étrange. Ajoutez à cela une verve facile, de la chaleur dans la discussion, un geste à la Mirabeau, une pause qu’il sait adopter aux circonstances, et vous aurez le portrait de George Dubois à l’âge de 21 ans.