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Armande, en lui pressant les deux mains dans une ardeur mal contenue. Oui, mon ange, le bonheur est dans tes bras ; la joie est au foyer, près d’un berceau, et non dans les fêtes, les bals, le monde et ses plaisirs. Là pas d’ombres, pas de larmes tant que le monde y reste ignoré ; sinon, il y a des déceptions et des tristesses. Remercions le ciel de nous avoir donné les mêmes aspirations, les mêmes désirs. Oh ! il y en a tant qui souffrent, parce qu’ils n’ont pas à leurs côtés des cœurs capables de les comprendre. Combien qui ne demandent qu’un peu d’attachement, de fidélité, pour jouir, et qui n’ont que de la froideur. Pauvres fleurs que celles-là ! à qui il ne manque qu’un peu de soleil, un peu de rosée pour vivre. Oh ! qu’il est bien juste de dire :

Que cette courte vie est longue sans amour.
Ce sont les battements de notre cœur avide
Qui font le vol du temps ou pesant ou rapide.

Ainsi parlaient ces deux enfants éprouvés. Forts de leur amour, ils pouvaient marcher dans la vie sans craindre les épines qui y sont si nombreuses. Oui, disons le : la paix et le bonheur sont l’apanage des époux aimant leur foyer, et y remplissant les devoirs que le mariage leur impose. Que les ménages soient chrétiens avant tout, et la génération qui grandira ne donnera pas des doutes pour l’avenir de notre pays.

Non loin de Laurent et d’Armande, un groupe s’est formé autour de George et de la famille Boildieu, pour y parler des derniers tristes événements. On y plaignait ces nombreuses victimes de 1837-38, dont le seul crime était d’avoir senti battre leur cœur