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Je suis récompensé, dit George dans la joie que j’éprouve de vous voir enfin remises toutes deux dans mes bras. Oh ! qu’il est vrai de dire avec le poète :

Pour venir au repos, il faut souffrir.

D’ailleurs mon devoir était d’être auprès de toi, mon ange, et c’était pour moi une grande source de consolation que d’agir ainsi. J’aimais et j’agissais par amour. « L’amour se nourrit de sacrifice, » dit-on. J’ai eu amples provisions, et pas un seul instant le cœur n’a fait défaut.

Cher enfant ! disait alors Alexandrine ; et dans un élan de joie et d’amour elle se jetait au cou de George, et elle restait ainsi suspendue à ses lèvres dans un suave baiser dont seuls ils pouvaient savourer les charmes.

Au milieu de l’enivrement qui inondait leurs âmes, ils n’oublièrent pas le noble et courageux jeune homme à qui ils devaient une partie de leurs joies. Laurent fut admis au foyer, on le félicita et il fut un héros pour tout le village et les paroisses avoisinantes. De suite, on s’éprit de lui, tant son air humble et ses belles manières lui attachaient tous les cœurs. À voir son teint pâle et l’épaisse chevelure noire qui encadrait si bien son visage de forme ovale, on devinait de suite une nature énergique, un cœur droit, une âme ardente et fière. Les solitudes du Nord Ouest avaient, au contraire, raffermi son caractère en lui apportant une légère dose de mélancolie qui lui allait très bien.

Un soir, l’heureuse famille était réunie au salon. Un silence presque lugubre planait sur ces personnages tantôt si riants. Oh ! c’est qu’on venait de