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— Je ne m’appelle pas Armande, mais Fleur-du-mystère.

— Pauvre enfant, tu es bien en effet une fleur mystérieuse pour tout autre que nous ; mais sache une chose, ton nom est Armande.

— Armande ! c’est bien beau. Je tâcherai de m’en ressouvenir.

— Maintenant, écoutez mes enfants. Votre histoire est de celles dont on peut dire : le doigt de Dieu est là ! Nul doute, Laurent, que la Providence vous a choisi pour exécuter ses desseins. La souffrance résignée et pleine de foi devait être récompensée ici-bas. Oh ! je connais des cœurs qui vont battre d’ivresse, qui sait si la pauvre folle…

— Qui sera heureuse de nous voir, interrompt l’enfant.

— Écoute, Armande, tu as été arrachée des bras de ta mère, et elle a tant souffert qu’elle en perdit la raison.

— Ma mère ! j’ai une mère, moi aussi ?

— Oui, mon enfant, et elle vit ici.

— Ici ? Vite, Laurent, allons la voir. Mais mon père ?

— Il vit aussi, et il attend toujours le retour de son enfant.

— Oh ! le Hibou méchant. Il se faisait appeler : « mon père ! » Je crois bien que le grand Manitou…

— Le bon Dieu dit Laurent…

Oui, que bon Dieu ne le voulait pas, car je l’aimais avec crainte. Mais, Monsieur le curé, ma mère a perdu la raison ; qu’est ce que c’est ça ? M’aime-t-elle encore ?