Mon cher cousin et ami,
Quelque douleur que j’aie à vous communiquer, dans ce jour de malheur, la triste nouvelle qui vient de m’être annoncée, je dois le faire sans hésitation…
M. Day vient de m’avertir de me préparer à la mort pour vendredi. Tous vos efforts pour sauver votre malheureux cousin ont été inutiles… Vous avez tout fait en votre pouvoir pour moi ; voilà ce que je considère et ce pourquoi je vous offre les sentiments de la plus profonde gratitude. Il me reste une chose à vous demander : allez, je vous prie, allez voir ma chère Henriette (sa femme) ; c’est à vous de lui offrir les consolations qu’elle pourra goûter. Pauvre épouse ! je vois, je sens son sein se déchirer par la peine, éclater en sanglots… Mais, quoique naturels, à quoi servirent-ils ? Mon sort est fixé ; la mort est inévitable, il faut la voir arriver de notre mieux… Si ma mort arrive un peu plus tôt, elle est pour des motifs dont je ne puis rougir : je meurs en sacrifice à mon pays. Puisse sa cause désolée en recueillir quelques fruits !
Assurez votre dame de mon amitié constante et de mes respects, et vous, mon cher cousin, vivez heureux, et pensez quelquefois à un homme plus malheureux que coupable.
Le public, et mes amis en particulier, attendent, peut-être, une déclaration sincère de mes sentiments. À l’heure fatale qui doit nous séparer de la terre, les opinions sont toujours regardées et reçues avec plus d’impartialité ; l’homme chrétien se dépouille en ce moment du voile qui a obscurci beaucoup de ses actions pour se laisser voir au plein