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morts et un grand nombre de blessés. Victoire facile ! triomphe aisé !

Mélas, moitié mourant, vit encore une fois la mort l’envelopper de ses ombres et menacer de l’emporter pour jamais dans la tombe. Il fallut tous les efforts, toute la science de l’art pour le ramener à la vie. Il en fut quitte pour la perte de ses deux bras. Perte cruelle, supplice toujours nouveau ; il allait durement expier les crimes de sa vie passée.

Après St-Charles, St-Eustache où Chenier tué dans le cimetière auprès duquel il s’était vaillamment défendu avec ses Canadiens, la tête manquait, les membres devaient tomber. Les chefs étant en fuite, les insurgés découragés abandonnèrent les armes pour rentrer dans leurs foyers.

Puis vint 1838 qui vit monter sur l’échafaud nos plus nobles enfants : Cardinal, Duquet, De Lorimier et autres. Le sang qui coula alors était un sang fécond : il vint arroser les pieds de cet arbre de la liberté constitutionnelle dont nous goûtons les fruits acquis au prix des plus grands sacrifices.

Écoutez ces nobles paroles de De Lorimier, cette triste et pénible victime de l’oppression et du fanatisme. Lisez cette déclaration sublime et cette lettre non moins élevée, non moins noble, adressée de sa prison, à son épouse éplorée :